Cette étude de cas été présentée dans le cadre des Journées de la Recherche Equine organisées par l’IFCE en 2017.
L’approche comportementale du cheval en soin vise un mieux-être du cheval, propice aux soins et à la sécurité.
Des solutions concrètes issues d’études en éthologie (enrichissement du box, relation à l’humain) permettent, notamment, d’améliorer le quotidien des chevaux en soin au box strict.
Le maintien strict du cheval en box pour sa santé est un défi pour les professionnels du soin et le propriétaire.
Douleurs et privation de certains comportements de l’espèce rendent le cheval en situation de mal-être et moins
coopératif. Des solutions faciles à mettre en oeuvre permettent d’offrir au cheval un mieux-être durant cette période
délicate. Cela permet une meilleure coopération du cheval aux soins, la préservation de la sécurité de tous et d’éviter une
augmentation du mal-être.
La démarche s’opère en 3 temps : une évaluation comportementale, la co-élaboration de solutions avec le propriétaire/ soigneur / vétérinaire
traitant et un suivi pour ajuster les solutions (mesurées via les indicateurs établis scientifiquement).
L’évaluation comportementale est réalisé grâce à l’observation des comportements du cheval, l’analyse de l’environnement avant et depuis le maintien au box strict, le protocole vétérinaire (qui est strictement respecté et donne un cadre dans lequel mettre en place les solutions).
Les solutions proposées sont sur-mesure et visent à : réduire le mal-être du cheval et favoriser un mieux-être, assurer sa coopération avec l’humain
et à améliorer la sécurité de tous. Il est désormais démontré scientifiquement que le mal-être a un impact sur la santé, notamment en activant les gènes responsables de l’inflammation et de la mort cellulaire.
Cette démarche s’appuie sur les études en éthologie du cheval qui ont mis à jour des solutions simples à mettre en place. Elles permettent de maintenir un maximum de comportements de l’espèce pour optimiser le bien-être (alimentation, stimulations, relations sociales…) et de favoriser les interactions positives à l’humain.
Un point est fait sur l’expression des comportements de mal-être avec le propriétaire et, si possible avec l’équipe de soin, afin de leur permettre de les identifier pour agir rapidement.
Etude de cas sur un hongre DSA, 9 ans, avec une personnalité peu émotive, légèrement grégaire, bonne maturité sociale. Pathologies : tendon sectionné, infection de la gaine, ostéite très sévère (forte perte de densité osseuse, atteintes irréversibles des sésamoïdes), 14 mois de box ferme (dont 5 en clinique), 18 mois de pronostic vital engagé.
Solutions mises en oeuvre (sur une durée totale de 5 mois à la clinique de Grosbois et 8 mois en convalescence en pension box classique) :
- Variété alimentaire, en le laissant choisir ses petits plaisirs via un « open bar » de fruits et légumes.
- Répartition spatiale du foin dans le box pour augmenter le temps d’alimentation.
- Stimulation sensorielle : ajout d’odeur, de visuels dans le box (changés régulièrement).
- Stimulation cognitive : nouveaux apprentissages adaptés à sa mobilité et répétition d’apprentissages acquis. Exposition à des objets nouveaux.
- Vie sociale : maintien des comportements de l’espèce : interactions sociales, grooming .
Ces solutions ont évoluées dans la durée et ont été adaptées aux réponses comportementales du cheval.
Lors de la transition pour un retour au pré, un accompagnement comportemental a également été mis en place (au paddock, vie sociale, stimulations cognitives…). La transition s’est faite sur 8 mois en considérant l’évolution de l’état de santé, les besoins comportementaux spécifiques de ce cheval et sa maturité sociale (impactant fortement sa capacité à retourner au pré dans de bonnes conditions).
Résultats : AUCUNE explosion de sortie de box, ce qui était vital, compte tenu de l’état des os. Réduction du mal-être (baisse de l’anxiété – hyper vigilance). Très coopératif aux soins (sédation inutile pour le changement de pansement hebdomadaire – voire quotidien, pendant 14 mois).
Voir une autre étude de cas sur le sujet : Rosie, accompagnement comportemental du bien-être en clinique